« Contre le transhumanisme et sa propagande », par les Chimpanzés du futur bordelais

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(Le lundi 20 novembre 2017, des Chimpanzés du futur bordelais ont perturbé le colloque « Le devenir cyborg du monde » à la Station Ausone de la librairie Mollat, laissant sur place quelques peaux de bananes et ce tract.)

 

Contre le transhumanisme et sa propagande,
à Bordeaux comme ailleurs

 

À Bordeaux, du 20 au 22 novembre 2017, le laboratoire Mica (médiations, informations, communication, arts) de l’université de Bordeaux et la librairie Mollat s’associent pour servir de porte-voix aux tenants de l’idéologie transhumaniste et préparer l’intégration de l’homme-machine dans un monde-machine.

Nous voilà conviés à débattre de « l’ambivalence » d’un monde où nous et nos enfants n’auront d’autre choix que de s’hybrider ou de devenir (selon l’expression du transhumaniste Kevin Warwick) des « chimpanzés du futur », cette sous-espèce d’homme condamnée pour avoir refusé son « devenir cyborg ». Nous sommes donc invités à débattre de notre dernière heure.

Durant ce « colloque international » intitulé sans honte « Le devenir cyborg du monde », nous sera administrée la nécessaire dose d’acceptabilité à un monde déjà en chantier dans les laboratoires de ces grands prêtres de la religion transhumaniste, un monde que nous n’avons jamais eu l’occasion de choisir. Et ce n’est qu’un début : vient de s’implanter à Bordeaux, ville désormais labellisée French Tech, une antenne de la Singularity University, cet outil de propagande du technototalitarisme fondé par Ray Kurzweil (transhumaniste en chef chez Google), sous le patronage duquel se tient ce colloque.

Nous autres, Chimpanzés du futur bordelais, refusons de débattre de notre fin, tout comme de la transformation de notre biotope en technotope. Participer, c’est déjà accepter. Nous ne participerons pas à notre mise à mort. Nous ne nous émerveillerons pas de notre dilution dans un monde-machine telle que la mettront en scène de pseudo-artistes et dont débattront des universitaires fascinés, à la fois juges et partie. Nous nous élevons contre les opportunistes qui trouvent leur inspiration dans l’anthropocide en cours, ceux qui pèsent encore le pour et le contre de cette idéologie mortifère, ceux qui, complices ou collaborateurs, refusent de prendre contre les promoteurs du transhumanisme une position ferme. (suite…)

Pièces et main-d’œuvre : « M. Picq fait de la prospective »

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Pièces et main-d’œuvre

M. Picq fait de la prospective

Qui va prendre le pouvoir ? Les grands singes, les hommes politiques ou les robots, Pascal Picq (Odile Jacob, 2017. 336 p, 22,90 €)

Pardon lecteur, si l’on saute aux conclusions sous l’aiguillon de la rogne, du temps et de l’argent perdus (outre ce compte rendu), mais c’est qu’en effet, on a lu le tas de mots de Pascal Picq.

Éthologue et paléoanthropologue, maître de conférences au Collège de France, Pascal Picq fait partie de ces vieux mâles plastronnant dans leur territoire académique, tel Michel Serres, Axel Kahn & Jean-Didier Vincent, que leur expertise réelle ou postiche dans leur mince champ de recherche autorise à pérorer avec plus d’aplomb que le commun des penseurs et des plombiers sur les affaires du monde. Simplement les médias et les maisons d’édition servent de café du commerce à leurs incontinences idéologiques, ressassements pontifiants et patauds, prêches et sermons aux fins d’édification des « gens », variations sur un thème rabâché : la situation paraît grave, elle pourrait devenir pire, voire catastrophique, à moins que l’on ne suive les opinions et prescriptions du « vieux sage » – du sachant – qui coïncident par hasard avec la ligne éditoriale du média qui les publie, laquelle ondule et rampe au gré des intérêts et volontés des décideurs, propriétaires à titre privé (groupe Le Monde) ou publique (groupe Radio France) de ces mêmes médias.

Chaque média dispose ainsi d’un pool, d’une play-list de personnalités « ressources », « de référence », pseudo-indépendantes, comme les marionnettes d’un ventriloque, à qui est réservée la formulation des « vraies questions » et des « vraies réponses » à ses questions, à l’exclusion des « phantasmes », « obscurantistes », « irrationnels » des « ennemis du progrès ». Questions et réponses que les « gens » se répètent ensuite d’un air informé. Et en effet, ils le sont. Au sens où le mot d’information vient du métier de potier qui forme la pâte au moule. L’opinion, ça se pétrit. Ainsi se forment et se diffusent les psittacismes de la technocratie dominante dont Pascal Picq se fait ici le bêtifiant porte-parole. Aux poncifs de l’idéologie dont l’efficacité repose sur la répétition perpétuelle et démultipliée, il est difficile de répondre autrement que par ceux de la critique, sinon par le silence de la lassitude qui laisse le dernier mot aux boîtes à bruit. Faisons donc un exemple en passant M. Picq par les armes de la critique ; n’ayez crainte, c’est un livreur prolixe et qui en fera d’autres. (suite…)