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Miguel Amorós
Géographie du combat social
De la défense du territoire au soulèvement de la terre
L’une des principales caractéristiques de notre époque est la concentration de la population dans de grandes agglomérations impersonnelles, sans limites, structurées uniquement par des axes routiers, résultat de la mondialisation ou, plus clairement, de la dissolution d’un capitalisme de nations en un capitalisme de régions urbaines interconnectées. Ce phénomène est connu sous le nom de métropolisation. Le type d’établissement qui en résulte, la métropole, détermine une nouvelle forme de relation et de gouvernement, puis une autre culture, individualiste et consumériste, et un autre style de vie, plus artificiel et dépendant, plus industriel et marchandisé, c’est-à-dire déterminé presque entièrement par les impératifs de la tertiarisation productive. En effet, les métropoles sont avant tout les centres d’accumulation du capital les mieux adaptés à la mondialisation des échanges financiers, événement directement responsable des désastres écologiques et sociaux qui nous frappent. L’urbanisation intensive qui les nourrit n’est rien d’autre que la réadaptation violente du territoire aux exigences développementalistes de l’économie mondiale. L’aire métropolitaine est la concrétisation spatiale de la société mondialisée. Dans cette phase, la croissance économique est fondamentalement destructrice, non durable, toxique et donc conflictuelle. Les effets sur la santé physique et mentale de la population concentrée sont terribles et les dégâts environnementaux ressemblent à ceux d’une guerre contre la campagne et la nature : désertification et salinisation des sols, acidification des océans, perturbation des cycles biologiques, pollution de l’air, de l’eau et des sols, accumulation de déchets, gaspillage énergétique, épuisement des ressources, perte de biodiversité, réchauffement climatique, etc. (suite…)