Pièces et main-d’œuvre, « Naissance, nature et liberté »

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Pièces et main-d’œuvre
Naissance, nature et liberté

Mis en ligne par PMO sur leur site le 30 juin 2023

Avis aux intéressés : les 5e « rencontres internationales contre les technosciences » auront lieu à Alessandria, en Italie, les 28, 29 et 30 juillet 2023. (Voir ici le programme et les détails pratiques). Ces rencontres sont organisées par Resistenze al Nanomondo, avec qui nous avons participé aux Enfants de la machine, le n° 65 de la revue Ecologie & Politique, publié en novembre 2022 et consacré à l’eugénisme, aux biotechnologies et à la reproduction artificielle de l’humain.

Si vous l’avez manqué, il est épuisé – mais vous pourrez en lire l’édition italienne à l’automne, si vous lisez l’italien ? Non ? Alors il ne vous reste qu’à lire « Naissance, nature et liberté », notre contribution à ce volume collectif (1) ; ou encore Les lettres simiesques du Professeur Bonobo, dont nous avons déjà posté quatre spécimens ; et qui dissèquent les accusations d’ « écofascisme » portées par l’Illustre Professeur Flappi et ses pareils contre notre livre et ses auteurs.

« Ecofascistes » (var. « biocentrés »), c’est l’infâmie en vogue à l’extrême-gauche de la Machine pour disqualifier les défenseurs d’une humanité libre dans un monde vivant. Quitte, par ailleurs, à radoter ad nauseam les mots d’ordre confusionnistes de la cybernétique et de la deep ecology fusionnées : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend ». Nous les cyborgs, les transhumanistes, technologistes et machinistes. Nous et nos machines. Nous, machines. Nous la Machine Nature. Car la nature est une machine et les machines sont naturelles. En même temps, oui. Aussi n’est-il pas question d’être « binaire » ou « dualiste », de choisir ou de distinguer entre l’une et l’autre – ce serait « fasciste ».

Le faux « antifascisme » en vigueur ces jours-ci, l’antifascisme de confort, consiste à ne rien exclure, sauf ce qui contredit les désirs de puissance des machins : pulsions, lubies, caprices. Aussi le faux « antifascisme » a-t-il renversé l’ancien régime de vérité. Cette vérité-là, la vérité des faits (autant qu’on peut les établir), le principe de non-contradiction (A et non-A), c’était la « mauvaise vérité » (« fasciste »). Mauvaise à dire parce qu’elle limitait potentiellement la puissance des machines désirantes. Heureusement, le progrès technologique et la falsification des mots et des idées permet aux faux antifascistes de transformer le monde et ses « mauvaises vérités » pour lui substituer magiquement l’illusion d’un monde magique, asservi au principe de plaisir. « – Tu dis que tu es une jeune et jolie nymphe, Guillaume ?… Mais oui, bien sûr, si ça te fait plaisir. Naïade, dryade ou néréide ? Dis-nous juste comment il faut t’appeler. » Où ne va pas se loger « l’inclusivité » chez les faussaires de l’idéologie industrielle !

De même que le soixante-huitisme, sous son camouflage caricaturalement « bolchevique » ou « hippie », avait signalé, accompagné, accéléré la liquidation de l’ancien mouvement révolutionnaire et de la classe ouvrière de masse, au profit de la société de consommation et de la classe technoïde des services et du secteur tertiaire ; de même l’actuelle marée verte (voir ici) sous ses divers camouflages « écologistes » (« éco-socialistes », « écoféministes », « éco-queers », « éco-décoloniaux », « collapsologues », « éco-technologistes » (!), etc.) prépare la liquidation finale de la nature et de ses défenseurs. S’ils viennent sur notre terrain, c’est pour l’occuper, nous en chasser, puis faire table rase pour édifier leur machinerie totale, et totalement inclusive ; ne laissant rien de libre, de spontané, de vivant, d’imprévu, de contradictoire, en dehors d’elle.

Il est facile de se faire de la publicité et d’obtenir un label vert en s’inscrivant aux Soulèvements de la Terre, et en s’exhibant sur lesdits soulèvements pour s’en faire une tribune ; il est plus rude d’aller à contre-marée en s’opposant à la société industrielle, comme cause majeure du réchauffement climatique (technocène), et du ravage planétaire.

Il est facile de se prétendre « technocritique » en recyclant des éléments partiels et anciens d’une critique qui ne se bornait pas aux usages policiers des TIC, ni à la dénonciation grégaire de ce qu’il est devenu conformiste de dénoncer : par exemple les nuisances des écrans ou le pillage de l’eau par l’industrie des semi-conducteurs. Il est plus rude (plus « clivant ») de s’opposer à toute reproduction artificielle de l’humain, stade actuel de l’eugénisme transhumaniste et seuil critique pour l’espèce, à l’entrée du monde et du règne machinal ().
Demandez à tous ces « penseurs du vivant » qui pérorent dans les pages du Mondeet sur le site des Terrestres. Tout ce que veulent en vérité ces enfants de la Machine, c’est leur survie climatisée ; la garantie de leur bon fonctionnement au sein du bon fonctionnement général du système machinal. ( voir Charbonneau, Le Feu vert)

Et pourtant, ils nous attaquent. Ils nous désignent comme « leur autre », leur « anti », leur « phobe » ; nous les minoritaires, les solitaires, les obscurs et confidentiels ; nous ces naturiens, luddites, primitivistes, décroissants, anti-industriels, écologistes radicaux, que dans leur monde réellement à l’envers, les penseurs de la Machine dénoncent comme « écofascistes ». Encore une révélation.
Les « écofascistes » selon eux ne sont plus les ingénieurs nucléaires, les concepteurs de QR-codes et de la cyberpolice (l’organisation cybernétique de la polis), mais ceux qui les contredisent et qui ont donc une chance d’être entendus. Quitte à nous rabattre sur cette vieille droite (Eléments, Alain de Benoist), qui, tels les trotskystes, drague tout ce qui a sa minute de célébrité ; de Guy Hocquenghem, histrion de la cause gay (Cf Libération, 5/6 juillet 1979), à Houria Bouteldja, histrionne de l’islamisme arabe (Cf Revue Eléments, mars 2023). Voilà à quoi s’abaissent nos « penseurs du vivant/machine ». Faut-il que nos idées soient fortes, bien plus qu’elles ne le paraissent et que nous le croyons nous-mêmes.

Les penseurs de la Machine voudraient nous éradiquer. Si isolés que nous paraissions, le maintien d’une critique authentiquement radicale menace leur magistère de la fausseté. Non seulement nous sommes leur mauvaise conscience – insupportable – haïssable – mais aussi le risque. La rouille, le grain de sable.
Des mots, des idées que nous mettons en circulation ; et qui peuvent littéralementtomber sous les yeux de n’importe qui, entrer dans n’importe quelle tête ; peut à tout moment surgir la découverte de leur facticité et d’humiliants éclats de rire.
Pas d’inquiétude, nos « penseurs » ne sont jamais morts, ils ne mourront jamais du ridicule. Ils mettront comme d’habitude leur imposture à jour, intégrant dans la nouvelle version ce qui sera devenu évident pour tous et qu’ils prétendront révéler comme leur propre illumination conceptuelle. Voilà pourquoi nous, les naturiens, nous devons continuer notre combat pour des dénominations correctes. Notre critique est invincible si nous la tenons. Il ne tient qu’à nous de la tenir.

Si vous voulez sauver le monde, nommez les choses par leurs noms. Sans falsifier le sens des mots, ni falsifier les choses ainsi nommées.

« Confucius avait souvent dit que, si seulement un souverain voulait bien l’employer, en un an il accomplirait beaucoup, et en trois ans il réussirait. Un jour, un de ses disciples lui demanda : « Supposez qu’un souverain vous confie un territoire que vous pourriez gouverner à votre guise ; quelle serait votre première initiative ? – Ma toute première tâche, répondit Confucius, serait assurément de rectifier les dénominations. » Le disciple fut interloqué : « Rectifier les dénominations ? Et ce serait là votre priorité ? Parlez-vous sérieusement ? » (Mais Chesterton ou Orwell auraient immédiatement saisi et approuvé cette idée.) Confucius dut lui expliquer : « Si les dénominations ne sont pas correctes, si elles ne correspondent pas aux réalités, le langage est sans objet. Quand le langage est sans objet, l’action devient impossible, et en conséquence, toutes les entreprises humaines se désintègrent : il devient impossible et vain de les gérer. C’est pourquoi la toute première tâche d’un véritable homme d’Etat est de rectifier les dénominations. »
(Simon Leys, Une introduction à Confucius, Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 1995. Disponible sur : < www.arllfb.be >)

(1) Revue Ecologie & Politique n°65, automne 2022, Editions du Bord de l’eau

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2 Commentaires

  1. Debra

     /  3 juillet 2023

    Comme je trouve ce sujet très important à l’heure actuelle, je récidive.
    Je crois que la visée de la médecine industrialisée à l’heure actuelle, comme de l’édifice scientifique moderne qui avance dans son entreprise totalitaire à travers l’industrialisation, est d’anéantir l’homme et la femme en tant que personnes singulières avec un visage différent et différencié.
    Je pense que cette visée représente la négation, le contrepied de notre héritage judéo-chrétien, et une attaque frontale contre le Dieu juif et ce qu’Il est, manifesté dans le monde, ce qu’on peut comprendre à travers une lecture attentive de la Bible, Ancien ou Nouveau Testament, d’ailleurs.
    Pourquoi voulons-nous détruire ce que nous avons tant aimé ? On n’est pas à un mystère près. Mais encore une fois, prendre Dieu comme ennemi est suicidaire. Nous ne faisons pas le poids.

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  2. Debra

     /  3 juillet 2023

    Je suis très mitigée en lisant ces textes ce matin.
    Ça fait longtemps maintenant que j’attire l’attention des auteurs de PMO sur le choix des mots qui tombent sous leur plume pour écrire. (Voir Confucius ci-dessus ; ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde.)
    Je ne crois pas maintenant qu’on puisse combattre l’ennemi en recourant à ses mots, (et surtout à autant de… grec, d’etymons grecs, et fabrications depuis des etymons grecs, même), ni à son style.
    Je pense qu’au point où on en est maintenant, j’ai des positions qui sont peut-être ? plus radicales encore que la Grande Romaine sur l’activisme des scientifiques, hommes et femmes dans le champ de la sexualité, étant donné que j’affirme que le propre d’un enfant (et pas un « produit »… Confucius me pousse à reconnaître que je récuse le mot « reproduction » pour parler de la manière dont un enfant, garçon ou fille, vient au monde) est d’être donné. « Genitum non factum », comme j’ai dit dans mon précédent commentaire.
    (Je vais m’offrir un petit luxe dans ce coin si retiré du monde ce matin : l’idée de l’insémination ARTIFICIELLE, même pour pallier à des… injustices de la nature, disons, ne me convient pas, et là, je dois être en désaccord avec la Grande Romaine. Pour passer par l’insémination artificielle, on doit recourir à une… seringue, et si on regarde une seringue, on peut voir l’analogie qu’elle présente avec le pénis, comme… instrument ? qui pénètre. J’ai même sur un de mes vieux disques de l’Ensemble Clément Janequin, une chanson de la Renaissance, chanson paillarde où il est question de monter sur la demoiselle, mais.. « ne la piquez pas »… Les seringues, comme les pénis ? peuvent piquer, mais à choisir, je sais de quelle manière je veux être piquée, et ce n’est certainement pas par une seringue. Si cela peut faire résonance dans quelques têtes ce matin avec un épisode récent de notre actualité, tant mieux. Pour étayer ces… associations, je rappelle aux lecteurs le fait que le mot grec « virios » qui nous a donné le mot « virus » veut dire « poison », mais malheureusement on peut voir dans les deux premières lettres le début du « uir » latin qui se réfère à l’homme sexué, en grec « andros ». Que l’homme… pique, je veux bien, mais qu’il soit… poison, non merci. Pour moi l’homme n’est pas poison, et son instrument est infiniment préférable à une seringue pour être… piqué ? inséminé (de quoi, on se le demande) ? Je conclurai cette petite digression en disant que je préfère mes théories sexuelles infantiles ? à celles de Françoise, pour qui je n’ai pas beaucoup de sympathie. Ces dernières années ont vu apparaître un florilège de théories… infantiles passant pour scientifiques, mais dépourvues de toute scientificité, à mes yeux. L’Homme est doué pour… la spéculation, et Il ne s’en prive pas. Que ces théories passent pour la Vérité Vraie, et je pousse un soupir. Il y a de quoi.

    Pour continuer dans le registre des théories infantiles, je m’interroge sur notre hantise par rapport à la surpopulation… Je sais que depuis le Covid, la natalité en Occident a chuté de manière vertigineuse. Des esprits… bien trop rationalistes s’en félicitent, mais les Anciens, devant l’effondrement de la natalité s’en alarmaient, parce qu’ils n’idolâtraient pas la Raison, ni les chiffres. Ils savaient que quand il n’y avait pas de naissances, l’homme et la femme souffraient… de ne pas voir arriver la relève, de ne pas pouvoir s’occuper de la relève. Pour eux, l’enfant était un don, et non pas un énième chiffre pour bouffer les ressources de la planète. Les Anciens s’inquiétaient tellement devant l’effondrement de la natalité qu’ils y voyaient une indication de… peste, une indication que les dieux n’étaient pas contents, et que l’Homme avait grandement fauté…
    Nous, qui nous appelons… « modernes », nous avons dépassé tout ça, bien entendu…. Nous sommes profondément tristes dans nos sociétés modernes, sans vraiment savoir pourquoi, mais nous avons dépassé nos ancêtres en… savoir, maintenant. Non, nous n’avons pas fauté, mais nous avons poursuivi nos populations avec des seringues et des « produits modernes » comme des dératés (en trouvant de très bonnes raisons « scientifiques », quoi de neuf ? Quand nous voulons… faire et agir, nous trouvons toujours de très bonnes raisons, en tant qu’individus et en tant que sociétés, d’ailleurs.).
    Je suppose qu’il y en a en me lisant qui peuvent s’imaginer que j’idolâtre le bon vieux temps. Non, je ne crois pas. Je suis, nous sommes, très confortables, ceux d’entre nous qui avons les moyens. Mais il nous manque… le désir, et le sel de la vie. Toutes les manipulations scientifiques imaginables dans des laboratoires où la stérilité est de mise ne remplaceront pas le désir qui nous pousse les uns vers les autres d’une manière qui n’est pas sans risque. Vivre… est à ce prix, mais voulons-nous vivre ?

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