Louis de Colmar, « Le retournement du spectacle »

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Louis de Colmar
Le retournement du spectacle
Publié par Louis sur son blog En finir avec ce monde le 3 janvier 2023

Le concept situationniste de spectacle doit être « retourné » : le spectacle n’est pas une falsification du réel, au sens où la réalité serait falsifiée par les pouvoirs institués, à des degrés variables d’intentionnalité, avec pour objectif de faire ou laisser croire que la réalité effective serait un leurre : mais plutôt, le spectacle est la construction d’une réalité atemporelle, ahistorique, fondée sur le principe de la continuité et de la permanence historique, qui a précisément pour conséquence indirecte de cacher le fait que la réalité « continuée » que les pouvoirs institués prétendent incarner et gérer n’existe déjà plus.

Tout être humain, fût-il le plus intelligent et le plus sagace, ne peut penser, au mieux, que le présent. Sauf que ce présent n’est pas un point isolé sur un fil temporel, mais immédiatement un enracinement et une projection sur une temporalité globale, un pied dans le passé et un autre dans l’avenir, dans le passé et l’avenir singulier du seul moment historique qui les porte. Personne ne peut « anticiper » le futur, tout au plus peut-on considérer que certaines traces du passé continuent à montrer une certaine pertinence après coup. Aucun être humain ne peut décrire parfaitement son présent, sans qu’apparaisse un différentiel, un facteur delta, avec la perception que peuvent en avoir ses contemporains. Et ce différentiel, ce facteur delta, ne peut que s’accroître au fil du renouvellement des générations, ne peut que s’accroître en traversant les frontières informelles qui distinguent les unes des autres les différentes sociétés et civilisations. L’institutionnalisation des sociétés a précisément pour fonction, pour un temps au moins, pour un temps nécessairement contraint, de limiter autant que faire se peut cet inexorable écoulement du temps, cette inexorable dissolution des repères historiques institués. (suite…)

Louis de Colmar, « De la guerre »

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Louis de Colmar
De la guerre

Mis en ligne sur son blog en finir avec ce monde le 5 mars 2022

A en croire Clausewitz, la guerre serait la continuation de la politique par d’autres moyens. Sauf que cette position postule le caractère rationnel du politique, et partant, le caractère rationnel de la guerre. Or, toute tentative de résoudre par la force une problématique préexistante est révélatrice d’un échec d’une rationalité politique à la solutionner par ailleurs, ou du moins révélatrice de l’inadéquation de cette rationalité à cerner la problématique posée, de manière à ne pas être contraint à user de la force brute, usage qui se révèle au bout du compte presque toujours la solution la plus coûteuse et la plus aléatoire.

Et pourtant, il faut rappeler ici que la logique de la guerre est consubstantielle à la logique historique de l’État ; c’est la guerre qui a toujours été la situation « normale » de l’État, et pas la paix – qui n’est qu’une période de préparation à la guerre. La logique de l’État est centrée sur la confrontation et l’interdépendance, l’interdépendance conflictuelle, entre différentes entités étatiques, cette confrontation dans l’interdépendance étant également le cœur même de l’économie, confrontation dans l’interdépendance qui permet aujourd’hui de constater comme jamais, avec le conflit russo-ukrainien, que l’économie n’est au fond que la continuation de la guerre par d’autres moyens. (suite…)

Louis de Colmar, « Arts et enjeux de l’abstention »

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Louis de Colmar

Arts et enjeux de l’abstention

Mis en ligne le 1er juillet 2021 sur son blog En finir avec ce monde

On pourrait presque considérer que la gauche n’avait réussi à survivre durant le XXe siècle qu’en tant que négatif des idéologies de droite qui tenaient globalement le haut du pavé, alors que l’effondrement présent de ces idéologies de droite coupe pour ainsi dire l’herbe sous les pieds de ce qui réussissait à survivre des idéologies de gauche traditionnelles. On aurait là une sorte d’esquisse de la profonde crise actuelle du politique, qui donne une possible cohérence au phénomène majeur de l’abstention [*1*]. Le problème de la gauche, c’est qu’elle se définit en opposition à la droite, et dès lors que cette dernière perd de sa cohérence, le gauche se retrouve sans assise et vidée de sa substance. La gauche n’a été puissante que lorsque l’opposition à la droite était marquée, donc lorsqu’existait une droite puissante elle aussi : c’est bien ce que l’on voit aujourd’hui, lorsque la droite s’effondre, c’est une catastrophe pour la gauche. Je tiens ici à préciser que la perte de sagacité de la grille d’interprétation établie du réel n’implique en rien une soumission à ce réel.

Pour comprendre cette profonde crise structurelle du présent, il faut remonter, me semble-t-il, à ce qu’a été l’ambition historique du XIXe siècle : construire une société rationnelle, en appliquant à la société le rationalisme scientifique qui faisait alors des merveilles dans la découverte et le décryptage de la nature, ainsi qu’aux tentatives parallèles d’en appliquer les recettes et les préceptes à la construction mécanique de sa doublure industrielle.

(suite…)

Louis de Colmar, « Le Janus de la science et de l’industrie »

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Louis de Colmar

Le Janus de la science et de l’industrie

Mis en ligne sur son blog En finir avec ce monde le 1er juin 2021

Lorsque Greta Thunberg fustige les puissants de ce monde en les exhortant à « écouter les scientifiques » elle se situe au cœur des contradictions de ce temps. Elle idéalise la science en l’opposant aux basses œuvres de l’industrie, méconnaissant que cette industrie n’est que la bras armé de la science. Historiquement parlant, il est tout à fait impossible de les dissocier : science et industrie obéissent à une même vision du monde, à une même pratique effective du monde. Dans les deux cas, il s’agit d’être capable de reproduire à l’infini, sans pertes ou dégradations, des procédures expertes : la reproductibilité des expériences scientifiques est de même nature que la reproductibilité des mécanismes de fabrication industrielle ; bien plus, le propre de la reproductibilité industrielle est directement tributaire d’approches scientifiques particulières, la reproductibilité industrielle n’est qu’une généralisation et une massification de questionnements scientifiques élaborés à échelle réduite.

Il est temps de sortir de la fausse opposition entre science-connaissance pure, et applications impures et détournées d’une même conception du monde.

Le combat contre le réchauffement climatique ne peut qu’être corrélé avec le combat contre l’idéalisation de la science, contre sa mythologisation : le réchauffement climatique a bien pour origine la mise en pratique d’une représentation théorique du monde spécifiquement incarné par la science. L’expérimentation scientifique dans les laboratoires académiques ou privés n’est que le b-a-ba de sa potentielle industrialisation, qui n’est jamais qu’un changement d’échelle. (suite…)

Louis de Colmar, « Court aperçu du temps long de l’Etat »

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Louis de Colmar
Court aperçu du temps long de l’Etat

Mis en ligne sur son blog le 1er novembre 2020

« Un édifice fondé sur des siècles d’histoire ne se détruit pas avec quelques kilos d’explosifs. »
Pierre Kropotkine

Il n’y a pas de liberté sans responsabilité. La liberté c’est la capacité d’exercer ses responsabilités, la soumission c’est être dépossédé, volontairement ou non, de cette capacité d’exercer cette responsabilité sur tous les aspects de son existence.

La liberté ce n’est donc pas une capacité de faire ou de ne pas faire, c’est pouvoir être responsable de ce que l’on fait et/ou de ce que l’on ne fait pas. La liberté de faire et/ou de ne pas faire est socialement aveugle, tandis que la responsabilité est toujours relative à un collectif, au regard de ses semblables.

Tous les systèmes modernes de domination sociale sont non seulement des systèmes de privation de responsabilité, mais encore des systèmes de transferts de responsabilité, des systèmes d’anonymisation, d’invisibilisation, de dilution de la responsabilité. Ce qui caractérise les systèmes bureaucratiques, c’est que non seulement les individus de base sont privés des responsabilités essentielles sur leur vie, mais qu’en outre ce ne sont plus d’autres humains qui en assument la charge, mais que cette responsabilité se perd littéralement dans les rouages automatisés du fonctionnalisme administratif. La responsabilité est seulement réduite au respect passif des règles et des procédures pour masquer l’irresponsabilité de chacun dans leur détermination et contrôle. (suite…)

Louis de Colmar, « Dialectique, approches et questionnements »

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Mis en ligne sur le blog  En finir avec ce monde le 1er avril 2021

 

Qu’est-ce que la dialectique ? Je ne dirais pas que c’est la capacité de penser deux choses opposées et de décider : ce serait, au contraire, décider que la façon particulière qui permet d’appréhender une problématique, une réalité, etc., à travers une opposition donnée et historiquement constituée est devenu une impasse. Précisément donc, la question dialectique se pose lorsque les termes d’une opposition qui permettaient jusqu’alors de comprendre une problématique, une réalité, etc., deviennent non significatifs, non opérationnels, non manipulables, et conduisent à des impasses, quelles que soient les manières de tricoter et détricoter les éléments contradictoires.

La question dialectique intervient lorsque qu’un logique donnée, construite, établie, instituée, ne rend plus compte du réel (alors qu’elle a effectivement été en mesure de le faire jusque-là), et qu’il faille changer de logique pour rétablir un lien avec une réalité reconstruite sur des bases nouvelles (bases nouvelles qui ne sont pas visibles, pas perceptibles, pas rationalisables, etc., dans le contexte de cette première logique, rationalité, etc.). Cette question dialectique est ainsi relativement bien illustrée par le concept de changement de paradigme dans l’approche de Kuhn, ou encore à travers la problématique des structures dissipatives de Prigogine.

Il ne peut pas y avoir de dialectique dans un processus si ce dernier ne comporte pas un imprévu, une non-linéarité, un non-nécessaire, un illogisme, une non-continuité, etc..

Le problème de Hegel, maître de la dialectique classique, est qu’il n’a compris qu’une partie de l’histoire de la raison (même si c’est en plein accord avec son temps) : il a cherché à comprendre, à expliquer le développement des sociétés humaines comme un mouvement unique qui instituait un processus nécessaire de constitution de la Raison, en partant d’un état a-rationnel supposé de l’humanité, jusqu’à l’établissement d’une rationalité « absolue », donc indépassable. L’intérêt de sa démarche était qu’il avait construit ce processus de développement de la Raison, articulé sur différents stades, paliers, niveaux, etc. (correspondant en gros aux différentes sociétés qui se sont succédé au cours de l’histoire, ou plutôt, pour son époque, de l’Histoire) à travers un processus à bon droit décrit comme dialectique. (suite…)

Louis de Colmar, « Paradoxes et apories de la pandémie »

 

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Louis de Colmar
Paradoxes et apories de la pandémie

Paru sur son blog En finir avec ce monde, le 5 février 2021

La société moderne, aujourd’hui, se caractérise par un double échec : elle a détruit la dimension collective, « holiste », du vivre-ensemble qui a marqué l’ensemble des civilisations précédentes, et elle a rendu patent l’échec de l’individualisme asocial qui avait marqué l’utopie de son développement jusqu’à la fin du XXe siècle.

Le cœur de la conscience sociétale repose en grande partie sur une sorte de consensus informulé, sur des concepts et des notions largement en deçà de la conscience, sur une résonance sans mots, sans mots véritablement adéquats… Il y a des périodes de la vie des sociétés où cette conscience sociétale, mouvante, dynamique, trouve des expressions et des formulations plus ou moins largement et explicitement partagées ; il en est d’autres, comme la nôtre, où les mots peinent à rendre compte de la réalité ressentie. Il est des périodes où les mots et les discours tournent littéralement à vide et donnent seulement l’impression de brasser du vent.

Dans le contexte de l’idéologie dominante, la solitude, la pauvreté relationnelle, sont pour l’essentiel la résultante de l’exclusion des circuits économiques. Un des rares « mérites » de la crise sanitaire est sans doute de permettre de préciser ce mécanisme : dans la mesure où une large frange de l’économie prospère sur la destruction des relations sociales directes malgré le covid, peut-être en arrivera-t-on à conclure que la destruction des liens sociaux n’a pas pour origine le covid, qu’il n’est même pas le prétexte de leur appauvrissement… On a ici affaire à un extraordinaire brouillage : la tentative de justifier l’appauvrissement continu et permanent des liens sociaux entraîné par le développement « normal » de l’économie au nom de la nécessaire mais provisoire et conjoncturelle distanciation physique inter-humaine entraînée par la crise sanitaire.

La non-différenciation de ces deux enjeux contradictoires, la désocialisation économique et la distanciation physique sanitaire, est politiquement dévastatrice : on voit très bien qu’il est de l’intérêt évident des acteurs dominants d’entretenir à toute force cette confusion, cet amalgame, ce brouillard, et de masquer la première derrière la seconde. (suite…)

Louis de Colmar, « Les hommes ne détestent rien tant que le changement »

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Louis de Colmar

Les hommes ne détestent rien tant
que le changement

 

Publié sur le blog En finir avec ce monde, le 27 avril 2020

Les hommes ne détestent rien tant que le changement. On pourrait presque lire l’histoire humaine comme une lutte permanente pour le conjurer. Le génie humain pourrait presque se résumer à l’art de contenir et d’encadrer, tant bien que mal, l’écoulement du temps. Ce qui caractérise la modernité, c’est en fin de compte l’effondrement des digues temporelles traditionnelles, effondrement qui se caractérise par un double mouvement : le renforcement centripète d’un pôle de stabilité autour de l’État – le Léviathan de Hobbes relève bien d’un enracinement – couplé à un renforcement centrifuge de l’économie et du marché. Ces deux mouvements doivent être conçus ensembles, en interdépendance. Ce grand écart entre stabilité et mouvement, pour ainsi dire sur le plan horizontal, doit en outre être complété par un grand écart vertical dans la durée, qui permet de mettre face à face la déchirure du présent – résultant de l’opposition entre ces forces centripètes et centrifuges – et la promesse de leur réunification future à travers la mythologie du progrès. C’était du moins le cas dans la phase classique de la modernité (pour schématiser, du XVIe au XIXe siècle).

Ce schéma était en gros celui qui s’est effondré pendant la Première Guerre mondiale. Dans l’entre-deux-guerres, on a assisté à une tentative de rétablir ce schéma disloqué, dans le sens où l’État, au nom de sa stabilité historique fantasmée, a voulu prendre en charge directement la dynamique sociétale dont l’effondrement avait conduit au cataclysme guerrier. Cette tentative a échoué dans les affres de la deuxième guerre mondiale. S’en est suivie une nouvelle tentative de rééquilibrage qui a fonctionné jusqu’à l’aube des années 1980, qui aura été marqué par l’illusion d’une cogestion de la stabilité de l’État et du dynamisme du marché. À cette période a finalement succédé le rêve néo-libéral qui, en inversion de l’après-Première Guerre mondiale, a joué cette fois-ci la carte de la suprématie de la dynamique du marché relativement à la stabilité étatique, carte qui a été perdue dans la crise de 2008, concomitamment avec une inversion complète de l’idéologie du progrès au cours du siècle. (suite…)

Louis de Colmar, « Une corona et deux morts subites »

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Louis de Colmar

Une corona et deux morts subites

(Paru le 6 avril 2020 sur le blog en finir avec ce monde)

 

Alors que la grippe de Hongkong est passée totalement inaperçue, ce qui se passe aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, avec la covid-19, interroge d’autant plus : jamais encore la moitié de la population mondiale n’a été confinée, et jamais encore la production mondiale n’avait été mise quasiment à l’arrêt, le tout en quelques semaines, prenant presque absolument tout le monde de court. Relevons tout de suite que les très rares pays qui étaient préparés à une nouvelle pandémie – Corée, Hongkong, Taïwan… – avaient déjà été malmenés gravement par deux autres pandémies en moins de vingt ans (sras de 2003 et mers de 2015), et qu’elles n’ont évité le présent confinement appliqué ailleurs qu’au prix d’un dépistage médical massif, directement associé à un dépistage néo-policier tout aussi massif à coups de Big Data. (Plus généralement, pourrait-on voir une corrélation au fait que les pays les plus rétifs au confinement sont également ceux qui sont aussi parmi les moins rétifs au néolibéralisme ? – je pose en tout cas la question.)

Ce qui interroge, c’est donc ce qui pourrait expliquer cette différence de traitement entre ce qui se passe aujourd’hui et la façon dont les pandémies étaient traitées il y a encore quelques décennies. L’erreur serait à mon avis de chercher une cause principale : toute catastrophe est toujours multifactorielle, toute catastrophe est le résultat d’un débordement de toutes les stratégies (voire bien entendu absence de stratégies…) d’anticipation qui avaient été mises en œuvre au préalable pour en circonscrire les risques potentiels.

Toute catastrophe est donc aussi, nécessairement, l’échec d’un récit, l’échec d’une représentation du monde, l’échec d’une rationalisation particulière, l’échec d’une perception sensible et émotionnelle du monde. Face à une catastrophe, on peut donc avoir deux approches (non totalement exclusives l’une de l’autre) : une approche technicienne, qui cherchera autant que possible à trouver des explications causales aussi strictes que possibles (manque de masques, de réactifs, de respirateurs, etc.) qui permettront, ou du moins auront pour objectif de ne pas remettre en cause le récit structurant dominant, et une approche critique qui s’attachera directement à rendre compte de l’incapacité, ou du moins des limites, de la structure dominante du récit social à rendre compte de l’irruption de l’imprévu.

(suite…)

Louis de Colmar, « Pour l’abolition de la retraite »

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Louis de Colmar
Pour l’abolition de la retraite !

(Publié sur le site en finir avec ce monde)

 

Mon père a attendu toute sa vie sa retraite pour, disait-il, pouvoir enfin faire ce qui lui plaisait. Il n’a pu « profiter » de sa pension et de son temps que pendant quelques mois… Ceci pour souligner que si on ne peut pas profiter de la vie avant l’âge de la retraite, ce n’est pas après que cela sera vraiment possible.

La retraite est une vaste escroquerie, un miroir aux alouettes, le colifichet que l’on agite aux salariés pour les aider à supporter une réalité économique quotidienne de plus en plus vide de sens pour une majorité d’entre nous. La retraite n’a jamais consisté en une « récompense » d’une vie de labeur et de renonciation : elle ne consiste au final qu’à prendre acte qu’au-delà un certain point la « machine humaine » n’est plus assez rentable, plus assez fiable, plus assez souple, que son taux de pannes devient contre-productif… Ce n’est pas un hasard si l’âge de départ à la retraite correspond en gros à l’espérance de vie en bonne santé…

Ce qui se joue aujourd’hui dans ce dernier projet en date de réforme des retraites, c’est la détermination de ce seuil de compromission entre les besoins en main-d’œuvre des grands acteurs de l’économie et la soutenabilité de sa charge financière pour les finances d’État : la qualité de vie résiduelle des laissés pour compte de cette mécanique infernale n’est bien sûr que la cinquième roue du carrosse. Son objectif est on ne peut plus simple : il s’agit de réduire les coûts sociaux globaux de ce poste comptable sur le dos des bénéficiaires individuels en enrobant le tout dans un pseudo-discours égalitariste et sous de faux oripeaux universalistes pour faire passer l’amère pilule. (suite…)