Version imprimable d’Eléments d’écologie politique ch. 1
Quentin Bérard
Éléments d’écologie politique
Début du chapitre I : « Survol ethno-historique »
Mis en ligne le 27 février 2024 sur le site Lieux communs
L’approche historique me semble la plus à même d’introduire d’emblée quelques repères essentiels. Je vais donc dresser un petit panorama des rapports que les humains ont tissés avec leur environnement naturel au fil de leur longue histoire – ou courte, tout dépend dans quelle perspective on se place. Bien sûr, il n’est pas question d’épuiser le sujet, cela n’a pas de sens, seulement de prendre un peu de recul en posant quelques jalons, aussi connus qu’oubliés. Il en sera de même pour chaque séance : établir quelques repères élémentaires, sous forme de synthèse d’éléments plus ou moins épars, plus ou moins connus – quitte à ce que le propos paraisse un peu dense ou trop allusif – en soulevant presque sur chaque point une multitude de questions, dont certaines seront abordées au fil du temps.
Dans tous les cas, le présent exposé me semble un prérequis à toute réflexion sur l’écologie qui ne se cantonnerait pas à du discours idéologique. À propos de ce dernier, il y a, par exemple, deux idées à abattre : celle selon laquelle les sociétés primitives ou premières, donc pré-néolithiques, ou bien les civilisations pré-industrielles, pré-modernes ou plus généralement non occidentales auraient entretenu une sorte d’« harmonie », de « communion » avec la nature. Ce mythe du « bon sauvage » – et l’on verra que dès qu’il est question de « la » « Nature », les mythes abondent, aujourd’hui comme hier – est progressivement remis en cause auprès du grand public au profit de cet autre, totalement contraire, qui voudrait que l’être humain soit ontologiquement une sorte de prédateur de la « Nature », un cancer de la biosphère, un parasite de la vie, un destructeur-né de la Création… Vous voyez que ces deux mythes, presque omniprésents, se répondent parfaitement ; ils n’ouvrent sur aucune possibilité d’action politique, et ça tombe bien, c’est leur fonction, c’est la fonction première du mythe : garder les choses telles qu’elles sont tout en donnant un sens pré-donné à ce qui arrive, quel qu’il soit. (suite…)