Rémi de Villeneuve, « Par-delà nature et culture : le nouveau règne des machines »

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Rémi de Villeneuve

Par-delà nature et culture :
le nouveau règne des machines
Petite critique de la grande thèse de Philippe Descola

Qui cherche à gagner en influence doit s’en remettre à la circulation de l’information, et donc aux nouvelles technologies utilisées à cet escient. Ceci ne vaut pas que pour les stars du show-business ou les professionnels de la politique, cela vaut aussi désormais pour les savants et les intellectuels, et donc tout particulièrement pour celles et ceux qui font passer l’immédiateté du succès médiatique avant le temps long de la reconnaissance par les pairs (suivie, souvent de façon posthume, par celle des gens ordinaires). Autrement dit, l’intelligence des intellectuels, de leurs travaux ou leurs œuvres, s’est fait doubler par une sorte d’opportunisme cybernétique qui ne se mesure jamais mieux qu’à l’aune du nombre de fois où leur nom est cité dans les fichiers informatiques de la recherche techno-scientifique globalisée, avant de se faire une place dans les médias et – ce qui revient à peu près au même – les « milieux » qui font l’actualité.

C’est ainsi que nous entendons beaucoup parler aujourd’hui de Philippe Descola – et de Bruno Latour notamment, mort récemment, avec qui Descola entretenait d’ailleurs des échanges intellectuels très rapprochés.

Un tel opportunisme technologiquement augmenté n’est évidemment pas donné à tout le monde ; il faut quand même savoir saisir les bonnes opportunités. Et pour cela, rien de tel que de partir avec les bons bagages, qu’ils soient « économiques » (comme c’est le cas du champagne Latour) ou « culturels » (à l’image de la thèse d’anthropologie que Descola a soutenue sous la direction de Claude Lévi-Strauss). (suite…)