[Nous venons de recevoir cette recension par José Ardillo des Essais d’hérésie
de Luis Andrés Bredlow, que nous publions volontiers]
Version imprimable de la recension des Essais d’hérésie
José Ardillo
Recension des Essais d’hérésie de Luis Andrés Bredlow
Crise et Critique, 2024
Luis Andrés Bredlow, décédé il y a quelques années, n’est pas un auteur très connu en France. Chercheur en philosophie, essayiste et poète installé à Barcelone, traducteur de Günter Anders et de Guy Debord en espagnol et auteur d’une introduction aux écrits de Stirner, son œuvre se compose également de textes courts et d’articles publiés dans des revues comme Archipiélago, Mania ou Etcétera, connues pour leur vocation critique en marge de tout discours officiel. En ce sens, Bredlow fait partie de ces auteurs qui se tiennent à l’écart de la scène intellectuelle et académique et préfèrent parler à partir d’une perplexité ironique et désintéressée, en occupant des espaces où il est encore possible de porter une voix sans avoir à rendre des comptes aux petites et grandes tyrannies qui nous cernent. Il n’est pas difficile de deviner que notre auteur s’inscrit dans une tradition de pensée libre et inconditionnée, qui tâche de l’être du moins, et qu’il ne craint pas d’être frappé de l’ostracisme auquel les nouvelles orthodoxies condamnent les hérétiques.
De nos jours, nous sommes victimes des différentes orthodoxies que la classe dirigeante et tous ceux qui se soumettent à ses préceptes veulent nous imposer de gré ou de force. Quelles sont-elles ? Le livre de Bredlow en signale précisément quelques-unes, parmi les plus implacables et les plus œcuméniques : Démocratie, État, Progrès, Futur, Bien-Être… Un catalogue d’horreurs quotidiennes qui constituent pourtant l’idéologie utilisée par le Pouvoir pour administrer ses stratégies. Ceux, peu nombreux, qui ne partagent pas les principes de l’orthodoxie officielle sont-ils irrémédiablement voués au bûcher où brûlaient jadis les hérétiques ? En tout état de cause, Bredlow, avant d’être soumis à un supplice si sanguinaire, prend le temps d’expliquer les raisons qui l’ont poussé à s’écarter de l’orthodoxie officielle et à faire acte d’hérésie. Un exercice de toute évidence nécessaire, car bien que les inquisiteurs de service ne semblent pas très enclins à entendre raison, c’est un devoir inéluctable pour le dissident que de rendre public le défi à l’autorité.